Une thèse distinguée par le prix Jean Trémolières recommande de « manger selon ses sens »

© David Chau - flickr

Karine Gravel a été récompensée pour son travail réalisé à l’université Laval de Québec « Manger avec sa tête ou selon ses sens : perceptions et comportements alimentaires ». « Le fractionnement alimentaire : une stratégie pour mieux contrôler son appétit ? Quels impacts sur la balance énergétique ? Approche physiologique et développement d’une méthodologie d’étude expérimentale du comportement alimentaire en situation écologique de restauration » est le second travail distingué. Il a été mené par Xavier Allirot au Centre de Recherche en Nutrition humaine Rhône-Alpes et au Centre de Recherche de l’Institut Paul Bocuse à Lyon. Les prix ont été remis aux deux lauréats début octobre.

Partant du constat des échecs récurrents des régimes amaigrissants, Karine Gravel a mené deux études afin d’évaluer l’impact des perceptions cognitives des aliments et d’une approche sensorielle sur les comportements alimentaires. Dans la première étude, 352 hommes et femmes ont été invités à consommer des biscuits présentant différentes types d’allégations nutritionnelles (santé, diététique, plaisir). Les résultats montrent que les allégations nutritionnelles ont modifié la perception des consommateurs vis-à-vis de ces aliments. En revanche, la prise alimentaire a été semblable. Dans la seconde étude, 50 femmes en restriction cognitive ont participé à des expérimentations sensorielles. Elles ont ensuite été invitées à discuter de leurs émotions, leurs souvenirs liés aux sens et aux aliments dégustés. Leurs comportements alimentaires étaient ensuite examinés. Leur degré de confiance en leurs signaux de faim et de satiété, ainsi que le nombre de mots utilisés pour décrire un aliment étaient également évalués. « Les résultats ont montré que l’intervention sensorielle a amélioré certains comportements et attitudes liés aux aliments et à l’acte alimentaire, sans exacerber d’autres comportements non souhaitables comme la restriction cognitive ». Pour la scientifique, pratiquer une étude sensorielle pour équilibrer le discours alimentaire semble prometteur. « Cela permet de travailler au niveau des sens, de considérer les émotions, les plaisirs et les préférences alimentaires. Le participant doit s’écouter davantage. De plus, le fait d’être actif dans les décisions favorise des changements plus durables et plus propices à la santé », révèle-t-elle.

Xavier Allirot a quant à lui travaillé sur le fractionnement alimentaire. Dans sa thèse, il étudie ses effets sur l’appétit et la balance énergétique de sujets normaux et obèses. Des méthodes subjectives, telles que les sensations de faim et de satiété, mais aussi physiologiques (biomarqueurs de l’appétit : ghréline et GLP-1) et comportementales (consommation, choix et rythmes alimentaires) ont été utilisées. « Chez le sujet de poids normal, [toutes les approches employées] ont montré une diminution de l’appétit en réponse au fractionnement ». Chez les personnes obèses en revanche, les résultats sont différents. Si, sur le plan métabolique, les mêmes résultats sont observés, le fractionnement n’induit pas de baisse des apports énergétiques au cours du repas suivant. « Cette stratégie ne semble pas adaptée pour des personnes obèses », conclut-il. Fait intéressant : le fractionnement a entraîné une diminution de la dépense énergétique via la thermogenèse dans les deux populations.

Depuis 1986, le prix Jean Trémolières récompense chaque année un ouvrage récent éclairant les habitudes et les comportements alimentaires individuels ou collectifs. Le montant de ce prix est de 3 000 euros.

VCD

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