La qualité des applis nutritionnelles serait souvent insuffisante

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Plus largement, la conférence est revenue sur « les enjeux de la dématérialisation de l’information sur les produits alimentaires ». L’emballage d’un produit alimentaire doit répondre à deux objectifs : être attractif afin d’inciter le consommateur à l’acheter, mais également informatif et répondre à la multiplication des données réglementaires que l’industriel doit apposer sur son produit. « Ce mouvement se heurte à une double limite, explique Pierre Combris, économiste et directeur de recherche à l’Inra. La première, d’ordre cognitif, concerne les capacités de traitement de l’information par les consommateurs. La seconde, physique, est relative aux difficultés de mise à disposition de l’information au moyen d’étiquettes dont la taille ne peut pas augmenter. » La dématérialisation est donc une solution séduisante d’autant plus qu’elle s’inscrit dans un contexte de développement du commerce en ligne et la banalisation de l’utilisation d’outils numériques. Face aux nombreuses applications disponibles sur le marché, le chercheur alertait déjà en préambule de cette journée de conférences sur la complexification et la fiabilité des informations disponibles.

Quelle réglementation ?

Pour encadrer la mise en ligne des informations nutritionnelles des produits, le Conseil national de consommation (CNC) a formé en 2011 un groupe de travail sur le thème de la dématérialisation au service de l’information du consommateur. Les conclusions de leurs travaux ont été rendues en avril 2013 et formulaient notamment deux recommandations :

  • les entreprises sont responsables des informations qu’elles diffusent sur la toile, à l’inverse des avis de consommateurs dont ils ne sont pas tenus responsables ;
  • la DGCCRF est proposée comme « l’administration en charge des contrôles de cette pratique ».

Par ailleurs, le règlement INCO (EU1169/2011) du 25 octobre 2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires a rendu obligatoire la publication de l’ensemble des informations présentes sur le packaging d’un produit sur les sites d'e-commerce. Mais les potentiels de la dématérialisation de l’information vont plus loin : « Informa­tions nutritionnelles, labels et certificats, informations environnementales, etc. : pour être lisibles et utiles, ces informations doivent trouver d’autres canaux de diffusion », explique Xavier Barras, directeur de l’Innovation et des Technologies de GS1 France.

Le marché des applis nutritionnelles

De fait, les applis santé ont envahi le créneau et se multiplient. En 2012, et avec le soutien du FFAS, l’INC a entrepris une étude plus approfondie de ces applications. « Dans le cadre de ce travail, un certain nombre d’applications, sélectionnées sur la base de leur popularité et de leur relative exhaustivité, ont été analysées », explique Jean-Pierre Loisiel. Elles ont été classées en diverses catégories, selon leurs objectifs : perte de poids, équilibre nutritionnel, suivi de pathologies, connaissance des aliments, alimentation du sportif. Quatre critères (nutritionnel, technique, comportemental et juridique) ont permis d’évaluer la qualité des informations fournies par ces applis. « Sur l’ensemble des applications testées, force est de reconnaître que, malgré le choix de ne sélectionner que des applis à forte notoriété, une grande hétérogénéité de qualité règne. Ainsi, sur l’aspect nutritionnel, seule une appli sur les quinze évaluées a reçu une très bonne appréciation ; à l’inverse, six d’entre elles se sont révélées très insuffisantes, faisant éventuellement courir des risques aux utilisateurs. La disparité est tout aussi large sur les autres paramètres », révèle le sociologue. Pour celui-ci, il faudrait réaliser un véritable « ménage » sur ce marché et proposer des critères fondamentaux pour veiller à la fiabilité de ces bases de données.

Source : Fonds français alimentation et santé. Vers une information à la carte ? 20 novembre 2014.

VCD

 

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