Insectes : valeurs nutritionnelles et risques associés

© shankar s. - flickr

Afin de répondre aux problèmes de suffisance alimentaire, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) recommandait dans son rapport « Edible Insects » publié en 2013 d’envisager l'élevage d'insectes à grande échelle. Selon l’organisation, près de 2,5 milliards d’humains mangent régulièrement des insectes dans le monde. Une pratique qui reste pourtant marginale en France et en Europe mais à laquelle les industriels commencent à s’intéresser. Dans la lignée d’autres agences européennes, l'Agence nationale de sécurité sanitaire a donc réalisé un état des lieux des connaissances scientifiques concernant les risques potentiels liés à la consommation d'insectes.

Quelles valeurs nutritionnelles ?

« 2086 espèces d’insectes sont consommées (…) dans 130 pays du monde », révèle l’Agence. Les insectes les plus couramment consommés seraient les larves ou adultes d’orthoptères (grillons, criquets et sauterelles) et d’hyménoptères (abeilles, guêpes et fourmis), les larves de coléoptères (charançons et longicornes), les chenilles et chrysalides de lépidoptères (papillons), mais également certains adultes d’isoptères (termites) ou d’hémiptères aquatiques (punaises d’eau).

D’un point de vue nutritionnel, certaines espèces d’insectes semblent « particulièrement caloriques, riches en protéines, lipides, minéraux, vitamines » et présentent des « compositions en acides aminés généralement bien équilibrées pour les besoins humains », note l’Anses. Le contenu protéique pourrait être équivalent voire supérieur à celui de certaines viandes. La teneur en lipides varie fortement : entre 7 et 77 g pour 100 g de poids sec, en fonction de l’espèce considérée et de leur régime alimentaire. Elle serait plus importante dans les larves et les nymphes que chez les adultes. Les insectes seraient également pauvres en glucides avec un maximum de 10 % de la masse totale chez certaines espèces d’insectes. « Ces travaux ne concernent qu’un nombre très limité d’espèces, précise l’Anses. Ces résultats sont donc à considérer avec la précaution nécessaire. »

Concernant les micro-éléments, une étude allemande suggère que « d’une manière générale, les besoins journaliers pour l’homme en calcium et potassium ne seraient pas satisfaits par la consommation de 100 g d’insectes comestibles ». « Quant aux faibles quantités de sodium, elles permettraient d’envisager l’utilisation de certains insectes dans des régimes à faibles teneurs en sel », ajoute l’Agence. Enfin, les besoins en cuivre, fer et manganèse, sélénium, zinc et phosphore pourraient être assurés avec la consommation de 100 g par jour de certaines espèces d’insectes.

Polluants, substances chimiques, facteurs antinutritionnels, allergènes : des risques multiples

Outre les risques liés aux conditions d’élevage et de production (polluants organiques, pesticides et médicaments vétérinaires notamment), l’Anses rapporte certains risques liés à des substances chimiques (venins, facteurs antinutritionnels, médicaments vétérinaires utilisés dans les élevages d’insectes, pesticides ou polluants organiques présents dans l’environnement ou l’alimentation des insectes, etc.) ou à des agents physiques (parties dures de l’insecte comme le dard, le rostre, etc.).

De plus, la production de substances antinutritionnelles a été démontrée chez certaines espèces. Les principaux facteurs identifiés sont :

  • l'acide phytique qui diminue la biodisponibilité du phosphore en le complexant en phytate,
  • les oxalates qui, absorbés en grande quantité, provoquent des irritations du tractus digestif, des troubles de la circulation sanguine et des dommages rénaux,
  • l'acide cyanhydrique, hautement toxique car provoquant l'anoxie,
  • les tannins, toxiques à forte dose en faisant précipiter les protéines,
  • la thiaminase qui provoque une déficience en vitamine B1.

En outre, le risque d’allergie alimentaire est un des plus prévisibles en raison de l’existence d’allergènes communs aux arthropodes, arachnides (dont les acariens), crustacés et insectes. De même, les allergènes des mollusques et des helminthes sont souvent très proches de ceux des insectes et peuvent donner lieu à des réactions et des allergies croisées.

Les recommandations de l’Anses

A l’issue de ce travail, l’Anses recommande notamment d’établir au niveau communautaire des listes des différentes espèces pouvant être consommées et de définir un encadrement spécifique des conditions d’élevage et de production des insectes et de leurs produits, permettant de garantir la maîtrise des risques sanitaires. Par ailleurs, les insectes et de nombreux arthropodes (acariens, crustacés, etc.) possédant des allergènes communs, l’Anses recommande la prudence aux consommateurs présentant des prédispositions aux allergies.

Source : Anses

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *