L’allergologie : une spécialité en danger ?

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En 2002, 2 355 allergologues exerçaient en France, soit un praticien pour 25 266 habitants. En 2009, on comptait 2 200 praticiens, soit un pour 28 140 habitants. En 2020, ils ne seraient plus que 1710, soit un pour 37 323, selon une enquête parue dans le revue française d’allergologie en 2011. Une baisse des effectifs d’autant plus inquiétante que le nombre d’allergiques est en constante augmentation. Pour le Pr Daniel Vervloet, président de la Fédération française d’allergologie, l’explication de cette désertion réside dans une organisation des soins inadaptée en France.

Une prise en charge inadaptée

Le médecin pointe également une perte d’efficacité dans la prise en charge du patient. « L'allergologie n'étant pas reconnue en tant que spécialité à part entière, le parcours de soins de l'allergique est aujourd'hui inadapté, car la prise en charge de l'allergie est éclatée entre différentes spécialités, explique-t-il. Par exemple, le patient qui souffre de rhinite allergique saisonnière est orienté vers un ORL, s'il souffre aussi de conjonctivite allergique, on le dirige vers un ophtalmologiste, et également vers un pneumologue pour traiter son asthme, ainsi que vers un dermatologue s'il a de l'eczéma atopique… Or le diagnostic différentiel de l'allergie, réalisé par l'allergologue peut seul permettre une prise en charge globale et adapté de la maladie allergique qui conduit à faire la synthèse des symptômes et à prodiguer le traitement adéquat. » Le médecin insiste par ailleurs sur la nécessité des allergologues pour la prise en charge et le diagnostic d'allergies fréquentes pouvant être sévères comme les allergies médicamenteuses, les allergies alimentaires, les allergies au venin d'hyménoptères (guêpes ou abeilles). 

Quinze pays européens ont reconnu la spécialité

En France, l’allergologue est un médecin – généraliste ou spécialiste d’organe – qui a suivi une formation complémentaire spécifique en allergologie. Il prend en charge tous les champs de la pathologie allergique (respiratoire, cutanée, alimentaires, médicamenteuse, venins). En Europe, quinze pays (Chypre, Espagne, Estonie, Grèce, Italie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume Uni, Slovaquie, Suède, Suisse) ont d’ores et déjà reconnue la spécialité. « La formation des allergologues français n'est donc pas unifiée par rapport à celle de l'Europe », explique le médecin.

L’appel des allergologues

La Fédération Française d'Allergologie, regroupant l'ensemble des composantes de l'allergologie française, estime que la reconnaissance de l'Allergologie et Immunologie Clinique en tant que spécialité est indispensable pour :

  • faire face à des maladies parmi les plus prévalentes et en forte progression ;
  • mieux appréhender des maladies complexes interdisciplinaires basées sur des mécanismes immunologiques ;
  • améliorer la visibilité et le fonctionnement du parcours de soin ;
  • construire une formation universitaire avec un vrai référentiel métier ;
  • favoriser la recherche translationnelle ;
  • contrôler le flux des spécialistes ;
  • rejoindre les 15 pays européens où la spécialité d'allergologie existe.

L’occasion de rappeler que deux français ont obtenu le prix Nobel (1913, Charles Richet, découverte de l'Anaphylaxie et 2011, Jules Hoffmann, travaux sur le Système Immunitaire) dans cette spécialité. Ne devrait-elle pas être préservée ?

Source : Congrès francophone d’allergologie.

VCD

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