L’alcool est l’une des premières causes d’hospitalisation

© Alexandre Normand - flickr

49 000 décès par an et 17,6 milliards dépensés seraient imputables à l’alcool en France. Afin d’affiner ces estimations et évaluer le poids de ces comportements à risque sur le système hospitalier français, une étude a été menée par François Paille du service d’addictologie du CHU de Nancy et Michel Reynaud, du département de psychiatrie et addictologie à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif. L’ensemble des séjours hospitaliers (en médecine, chirurgie, obstétrique, odontologie –MCO-, psychiatrie ou soins de suite et réadaptation –SSR-) pour des pathologies liées à l’alcool et survenus en 2012 a été évalué. Ainsi, étaient considérés les patients dont le diagnostic principal ou associé comportait l’un des items suivants : « troubles mentaux et du comportement liés à l’utilisation d’alcool, sevrage d’alcool, présence d’alcool dans le sang, pathologie somatique secondaire à une intoxication alcoolique chronique pouvant correspondre à une cirrhose, à une complication neurologique, à un syndrome d’alcoolisme fœtale… ou toute autre complication de l’alcoolisme chronique ».

Des chiffres en augmentation

« En 2012, 580 884 séjours liés à l’alcool ont été identifiés en MCO, en augmentation de 11,3 % par rapport à 2006 et correspondant à 316 824 patients (+16,5 %). Ils se répartissent en 197 024 séjours pour lesquels l’alcool a été le motif principal de l’hospitalisation (alcoolisation aiguë et dépendance) et 383 860 séjours pour des comorbidités liées à l’alcool », notent les auteurs. La prise en charge de la dépendance alcoolique s’effectue à plus de 90 % dans le secteur public.

En psychiatrie, on comptait en 2012 plus de 2,7 millions de journées en rapport avec un diagnostic « alcool » pour 139 882 patients et en SRR plus de 2 millions de journées pour 49 925 patients.

Selon les auteurs, le coût des séjours hospitaliers liés à l’alcool a pu être estimé à 2,64 milliards d’euros (représentant environ 3,6 % de l’Ondam hospitalier total) pour 2012 : 1,22 milliards d’euros en MCO, 0,98 milliard en psychiatrie et 0,44 milliard pour les SRR.

Quel profil ?

Concernant les alcoolisations aiguës, le nombre d’hospitalisations chez les jeunes restent stables alors que chez les plus de 55 ans, elles ont augmenté de 3,9 %. « Ceci peut paraître paradoxal si l’on considère l’augmentation du binge drinking chez les jeunes. Cependant, (…) nos chiffres ne concernent que les alcoolisations aiguës associées à des critères de gravité suffisants pour justifier une hospitalisation en UHCD ou dans un service habituellement de médecine », expliquent les auteurs. Les hospitalisations pour alcoolo-dépendance ont également augmenté pour les plus de 55 ans.

Les patients hospitalisés pour alcoolisation aiguë ont en moyenne 43,5 ans, contre 47,9 ans pour les patients hospitalisés pour le traitement de leur dépendance à l’alcool et 56,7 ans pour ceux hospitalisés pour une complication de leur alcoolisme. « Ainsi, les hospitalisations pour intoxication aiguë surviennent en moyenne 4,5 ans avant les hospitalisations pour dépendance et 13 ans avant les hospitalisations pour complications », analysent les auteurs.

Des mesures préventives indispensables

Pour les auteurs, « si les complications de l’alcool sont très bien prises en charges, le comportement de consommation d’alcool lui-même est encore trop rarement abordé avec les nombreux patients hospitalisés pour ces complications, qu’elles soient somatiques ou psychiatriques », notent les auteurs qui appellent à améliorer la formation en alcoologie des personnels soignants et de fournir aux hôpitaux des équipes de liaison en addictologie.

Source : BEH. L’alcool, une des toutes premières causes d’hospitalisation en France. 7 juillet 2015.

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *