Il est plus difficile de manger équilibré avec un petit budget

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S’il est acquis que les populations les plus défavorisées ont une alimentation moins en accord avec les recommandations nutritionnelles, le lien entre budget et équilibre alimentaire n’est pas clairement identifié. Une équipe de chercheurs de l’unité mixte de recherche Nutrition, Obésité et Risque Thrombotique de Marseille, en collaboration avec le Centre de nutrition en santé publique, de l’Université de Washington, s’est intéressé au sujet et à étudier la contribution du prix des aliments aux inégalités sociales en matière de choix alimentaires et de nutrition. Les résultats de cette revue bibliographique viennent d’être publiés dans Nutrition reviews.

Comparer le prix aux apports caloriques

Plus précisément, les auteurs de ce travail ont étudié les déterminants économiques des choix alimentaires. Ils ont ainsi confirmé que lorsque l'on compare les aliments de la base INCA2 en exprimant leur prix en €/100kcal (et non pas en €/kg), les produits riches en vitamines, fer, calcium, fibres sont des sources de calories plus chers que les produits riches en énergie, très gras ou très sucrés. De plus, « des produits comme les chips, les sucreries, les biscuits, mais aussi les pâtes et le riz, sont faciles à transporter, à stocker, à préparer et ne sont pas périssables, expliquant à la fois pourquoi ils sont moins chers que des produits frais1, mais aussi pourquoi ils peuvent être préférés en cas de précarité des conditions de vie (absence de voiture, habitat précaire…) », ajoutent les chercheurs. En accord avec ces observations sur les aliments, une alimentation équilibrée couterait donc en général plus cher qu'une alimentation déséquilibrée, rendant plus difficile la réalisation de l’équilibre nutritionnel en cas de contraintes budgétaires.

Manger à petit prix reste possible

« Des études d'observation et de modélisation montrent cependant qu'il est possible de constituer un panier équilibré avec un budget modeste, dans la mesure où celui-ci est supérieur ou égal à 3,5 € par jour et par personne », rassure les auteurs. Dans cette optique, les chercheurs suggèrent néanmoins que ces consommateurs doivent être prêts à faire des écarts plus grands avec leurs habitudes alimentaires et les normes culturelles, « en consommant des aliments de bonne qualité nutritionnelle pour leur prix, tels que les légumes en conserve ou surgelés ».
 
Les auteurs précisent que ce travail a été réalisé sur la base de prix moyen. Or, aujourd’hui toutes les gammes de prix existent et pourraient donner un accès plus larges à des produits nutritionnellement intéressants aux plus défavorisés. « En attendant ces futures recherches, il est important de prendre en compte les contraintes budgétaires et le différentiel de prix des aliments lors de l'élaboration de conseils alimentaires », concluent-ils.
 
Sources : Inra ; N. Darmon & A. Drewnowski. The contribution of food prices and diet cost to socioeconomic disparities in diet quality and health: a systematic review and analysis. Nutrition Review, le 25 août 2015.
 

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