Vers un traitement bactériologique de l’obésité ?

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Pourrait-on traiter l’obésité par des probiotiques ? C’est ce que semble suggérer une récente étude belge réalisée chez la souris.
 
L’équipe du Pr Patrice Cani de l’Université catholique de Louvain a en effet observé que la bactérie Akkermansia muciniphila était moins abondante dans le microbiote intestinal des souris obèses et présentant un diabète de type 2 – phénotype induit par un régime riche en graisse – que des souris contrôles. Cette bactérie, découverte en 2004, représente entre 3 et 5 % des bactéries qui colonisent le côlon humain. Elle vit dans le mucus intestinal mais son rôle y est inconnu. Les chercheurs ont ensuite montré que l’administration d’un prébiotique, l’oligofructose, permet de restaurer les concentrations endogènes de cette bactérie dans l’intestin, chez les souris obèses. En parallèle, ces souris ont perdu du poids et de la graisse.
 
Par ailleurs, l’administration pendant quatre semaines de A. muciniphila, chez les souris obèses et diabétiques, permet d’augmenter la quantité de cette souche dans le caecum, mais ne modifie pas globalement le profil du microbiote. Et elle induit là encore une perte de poids et de graisse, ainsi qu’une diminution de la glycémie à jeun, sans que la quantité de nourriture ingérée diminue. À noter que les effets de l’ingestion de cette bactérie ne sont observés que si elle est ingérée vivante.
 
Comment cette bactérie agit-elle pour contrecarrer les effets d’un régime riche en graisse chez la souris ? En comparant le transcriptome des souris obèses et diabétiques, avec ou sans administration de A. muciniphila, les scientifiques ont pu montrer que ce traitement probiotique modifie l’expression de gènes impliqués dans le métabolisme du tissu adipeux et l’homéostasie du glucose. Par ailleurs, ils ont observé que la couche de mucus des souris obèses et diabétiques est réduite de 46 % par rapport aux contrôles, et cette diminution peut être contrebalancée par l’ingestion de la bactérie.
 
Ces résultats pourraient-ils être étendus à l’homme ? C’est possible puisqu’il a été montré que la présence de cette souche bactérienne était inversement corrélée à la masse corporelle, chez l’homme comme chez la souris. Cette souche constitue donc une nouvelle piste particulièrement intéressante à explorer pour la prévention et le traitement de l’obésité et du diabète de type 2.
 
Source : Everard A et al. Cross-talk between Akkermansia muciniphila and intestinal epithelium controls diet-induced obesity. Proc Natl Acad Sci U S A. En ligne le 13 mai 2013.
 
K.D.
 
 

Crédit photo : Bigplankton

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