Interleukine-2 à faible dose : une nouvelle piste thérapeutique

Pencreas
© Aneps omarTM – Flickr.com

Ces travaux, publiés dans le Lancet Diabetes and Endocrinology le 8 octobre 2013, ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques pour le traitement des maladies auto-immunes.

L’interleukine 2 est une molécule utilisée à hautes doses depuis plus de 20 ans pour le traitement du mélanome malin et du cancer du rein. À ces doses, la molécule est capable de renforcer les cellules « tueuses » du système immunitaire afin qu’elles détruisent les cellules cancéreuses. En 2011, des chercheurs ont montré que l’IL-2 à très faible dose a une action inverse : elle renforce les cellules dites « régulatrices » chez les patients souffrant de vascularite, une maladie auto-immune secondaire à l’infection par le virus de l’hépatite C. Les cellules régulatrices protègent alors les tissus sains d’une attaque par les cellules tueuses du système immunitaire. Ces résultats ont ouvert la voie à une utilisation de l’IL-2 pour le traitement d’autres maladies auto-immunes.

Les chercheurs français ont souhaité poursuivre ces travaux en évaluant les effets de l’IL-2 dans le diabète de type 1, une affection auto-immune qui s’attaque aux cellules du pancréas. Dans un nouvel essai randomisé, contrôlé contre placebo et réalisé en double aveugle, l’équipe a testé trois doses d’IL-2. Vingt-quatre patients adultes atteints de diabète de type 1 ont reçu soit un placebo soit de l’IL2 à l’un des trois dosages prévus (0,33 MIU/jour, 1 MIU/jour, or 3 MIU/jour) pendant 5 jours. Les patients ont été suivis pendant 60 jours. Les résultats montrent que chez tous les patients ayant reçu de l’IL-2 à faible dose, le nombre de cellules dites « régulatrices » qui protègent les tissus sains a augmenté. Par ailleurs, le traitement était très bien toléré quelle que soit la dose.

« Ces résultats sont importants car ils lèvent 2 verrous (…) : la sécurité de l’IL2 à faible dose et son efficacité au niveau immunitaire sont vérifiées. Plus généralement, ces résultats nous éclairent sur les doses d’IL-2 à utiliser pour le traitement d’autres pathologies auto-immunes », explique le Pr David Klatzmann, chef du service de biothérapies à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP).

Trois nouveaux essais cliniques coordonnés par l’AP-HP sont en cours pour poursuivre l’évaluation de cette approche thérapeutique. Un essai chez les enfants diabétiques de 7 à 12 ans est déjà en cours. Il sera suivi d’un grand essai européen destiné à tester l’efficacité thérapeutique de l’IL-2 chez 200 patients diabétiques, enfants et adultes. Fin 2013, un 3e essai, réalisé dans le cadre du département hospitalo-universitaire (DHU) Inflammation-Immunopathologie-Biothérapies, et en partenariat avec une société de biotechnologie, testera l’efficacité de l’IL-2 dans 11 pathologies auto-immunes différentes.

Source : communiqué de presse, APHP, Inserm, UPMC.

VCD

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *