Aliments enrichis en phytostérols : pas de bénéfice global contre les maladies cardiovasculaires, selon l’Anses

© Diane Duane – Flickr.com

L’Agence avait été saisie par l’association UFC-Que choisir le 15 janvier 2010 pour qu’elle évalue le risque et le bénéfice liés à la consommation de produits alimentaires enrichis en phytostérols et phytostanols.

La réglementation européenne autorise l’allégation indiquant que les phytostérols et les phytostanols diminuent le cholestérol sanguin et précisant que la diminution du cholestérol sanguin peut réduire le risque de maladies coronariennes. L’expertise de l’Anses souligne cependant une grande variabilité individuelle de réponse aux phytostérols : bien que les phytostérols contribuent à une réduction moyenne d’environ 10 % de la cholestérolémie totale et de la teneur en LDL-cholestérol circulant (« mauvais cholestérol »), la consommation d’aliments enrichis en phytostérols n’induit pas de baisse de LDL-cholestérol chez environ 30 % des sujets. Par ailleurs, consommer ce type de produits entraînerait une augmentation des concentrations plasmatiques en phytostérols – dont les conséquences sur le risque cardiovasculaire ne sont pas connues –, et une diminution de la concentration plasmatique en β-carotène – susceptible d’augmenter le risque cardiovasculaire. En l’absence d’étude portant sur les effets des phytostérols directement sur les événements cardiovasculaires, l’Anses soutient qu’il n’est pas possible de statuer sur la résultante des effets des phytostérols sur l’ensemble des paramètres individuels (LDL-cholestérol, phytostérols plasmatiques, β-carotène plasmatique).

Devant ces éléments d’incertitudes scientifiques, l’Anses estime que les données actuellement disponibles ne permettent pas de considérer les aliments enrichis en phytostérols comme un moyen approprié de prévention des maladies cardiovasculaires au niveau populationnel. L’Agence en profite pour rappeler qu’il existe de nombreux leviers de prévention comme l’arrêt du tabagisme, l’augmentation de l’activité physique, la réduction de la sédentarité et l’amélioration de l’équilibre alimentaire, notamment via une consommation adéquate de fruits et légumes (d’autant plus pour les consommateurs de produits enrichis en phytostérols, afin de compenser la baisse de β-carotène engendrée), un apport équilibré en acides gras et une consommation modérée en sucres et en sel. Elle recommande également d’éviter la consommation de produits enrichis en phytostérols par les enfants et les femmes enceintes et allaitantes.

Les produits enrichis en phytostérols se concentrent actuellement sur les secteurs des margarines, des produits laitiers frais et assimilés et les sauces condimentaires. D’après l’étude INCA 2 (Étude individuelle nationale des consommations alimentaires) menée par l’Anses, les consommateurs de ces produits représentaient environ 3 % des adultes (en particulier chez les 46-79 ans, catégorie la plus à risque d’hypercholestérolémie) et 0,7 % des enfants en 2006-2007.

Source : Anses, Rapport Évaluation du risque et du bénéfice liés à la consommation de produits alimentaires enrichis en phytostérols ou en phytostanols.

Florence Bozec

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