Bisphénol A et intolérance alimentaire : un lien établi

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© Steven Depolo – Flickr.com

Les risques potentiels pour le consommateur de l’exposition au bisphénol A, un contaminant chimique issu majoritairement des emballages alimentaires, ont fait l’objet de plusieurs rapports, parfois contradictoires, des agences sanitaires françaises et internationales. Depuis quelques années, l’unité de toxicologie alimentaire (TOXALIM) de l’Inra de Toulouse s’intéresse particulièrement à ce composé. Après avoir démontré que le bisphénol A pouvait pénétrer dans l’organisme par la peau (2010) mais également directement par voie sublinguale (2013), les chercheurs ont étudié chez le rat les effets de l’exposition in utero au BPA et ses conséquences sur le développement du système immunitaire.

Dans cette optique, un premier groupe de rates gestantes a reçu par voie orale une dose quotidienne de BPA, à 5 μg/kg de poids corporel, depuis la gestation jusqu’au sevrage des nouveau-nés à 21 jours. Un second groupe n’a pas reçu de BPA. Les nouveau-nés issus de ces deux groupes ont ensuite été étudiés. À l’âge adulte, soit à 45 jours, ces animaux ont été nourris avec de l’ovalbumine, une protéine du blanc d’œuf, qui ne figurait pas précédemment dans leur régime alimentaire. Les scientifiques ont alors observé une réaction immunitaire dirigée contre l’ovalbumine chez les animaux qui avaient été exposés au BPA au cours de leur développement. Les rats descendant du groupe témoin ont quant à eux développé une tolérance alimentaire vis-à-vis de l’ovalbumine, qui se traduit par une absence de réponse immunitaire. De plus, l’administration orale répétée de l’ovalbumine chez les rats exposés par leur mère au BPA a induit une inflammation du côlon de ces animaux, attestant d’une intolérance alimentaire.

Différentes doses (0,5, 5 et 50 μg/kg poids corporel/ jour) ont été testées. Les résultats révèlent une relation non linéaire entre les doses de BPA et les effets indésirables observés, les perturbations les plus importantes ayant été observées à la dose de 5μg/kg poids corporel/jour, une dose considérée sans risque pour l’homme par l’Efsa.

Ces résultats confortent la décision des pouvoirs publics français d’interdire l’utilisation du BPA pour tous les emballages alimentaires à compter du 1er juillet 2015.

Sources : communiqué, Inra ; Menard S et al. Food intolerance at adulthood after perinatal exposure to the endocrine disruptor bisphenol A. The FASEB Journal. August 2014. doi:10.1096/fj.14-255380.

La rédaction, avec l’Inra

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