Financé par la Commission européenne, le programme de rechercher DORIAN (The developmental origins of healthy and unhealthy ageing) débuté en janvier 2012 était chargé d'examiner les impacts de l'obésité maternelle sur le processus de vieillissement et ses effets sur les enfants à long terme. Pour étudier cette thématique, les experts ont d’abord analysé les résultats d’une étude ayant porté sur 13 000 sujets suivis depuis leur naissance (dans les années 1930-1940) jusqu'à leur âge actuel de 60-70 ans. Cette importante collecte de données a permis de montrer que la probabilité de développer des maladies cardiovasculaires et neurovasculaires, voire un diabète de type 2 à l'âge adulte, étaitsupérieure chez les personnes nées de mères qui avaient conservé un surpoids à la fin de leur grossesse.« Les résultats, portant sur 90 mères et leurs enfants, montrent que le profil métabolique, le poids corporel et le développement cardiaque chez les enfants sont influencés par unsurpoids avant la grossesse, combiné à une prise de poids pendant la grossesse, et par le poids maternel et le contrôle glycémique à la fin de la grossesse, explique le Dr Iozzo, du Conseil national de recherche à Pise, en Italie. Le prise de poids entre les grossesses successives (communément observé chez les femmes) affecte également ces données ».
Les fœtus exposés à un régime riches en graisses saturés sont plus vulnérables
Une seconde étude a constaté que les femmes souffrant d'obésité ont un régime alimentaire plus riche en graisses saturées et plus pauvre en micronutriments (vitamines, minéraux) pendant leur grossesse que les femmes minces. En utilisant un modèle préclinique, les chercheurs ont observé que le placenta des mères ayant une alimentation riche en graisses protégeait moins bien le fœtuscontre les variations du taux de cortisolqui est l'hormone du stress. En conséquence, la croissance du fœtus est ralentie et ces enfants sont plus susceptibles de souffrir de troubles de l'humeur à l'âge adulte.
Des télomères plus courts…
Les télomères,sorte de capuchons protecteurs situés à l'extrémité de nos chromosomes, seraient également affectés par le surpoids maternel. « Avoir des télomères longs, explique la jeune chercheuse Maria Angela Guzzardi de l'équipe du Dr Iozzo, protège notre ADN afin qu'il soit plusen mesure de fonctionner et de se réparer, alors que des télomères plus courts sont évocateurs de maladie et d'une durée de vie raccourcie. » L'équipe de DORIAN a constaté que le surpoids et l'obésité maternelle,combinés à une prise de poidsélevée durant la grossesse, sont associésà un raccourcissement de la longueur des télomèreschez les descendants. Une situation réversible puisque, selon le Dr Iozzo, une femme enceinte née avec des télomères courts et un IMC élevé engendrer une descendance saine grâce à une bonne hygiène de vie. « La pratique de l'exercice physique peut avoir un effet positif sur la longueur des télomères, le métabolisme du glucose et la sensibilité à l'insuline, en particulier chez les femmes adultes nées de mères obèses », est-il précisé.
De nouvelles cibles thérapeutiques ?
L’étude propose par ailleurs deux nouvelles cibles thérapeutiques. Ainsi, selon les travaux d’une équipe allemande, le gèneFKBP51 impliqué dans l'obésité maternelle pourrait être une cible possible pour de nouveaux médicaments utilisés dans les troubles liés à l'obésité. Une étude préclinique italienne a aussi montré que l'administration d'antioxydants pourrait permettre de prévenir et d'atténuer les effets nocifs de l'obésité maternelle sur la santé de la descendance.
« Cette étude souligne la nécessité absolue de lutter contre l'obésité maternelle, de développer des solutions pour les décideurs politiques et de fournir des outils pour les citoyens de l'union européenne, explique Euan Woodward, directeur exécutif de l'Association européenne pour l'étude de l'obésité (EASO). L’EASO invite toutes les acteurs concernés à travailler ensemble pour atteindre ces objectifs ».
Source : DORIAN.