Les résultats de l’étude Abena 2011-2012 sur l’alimentation et l’état nutritionnel des bénéficiaires de l’aide alimentaire publiés

Aide alimentaire

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L’état de santé des usagers de l’aide alimentaire reste préoccupant. C’est ce qui ressort de l’étude Abena, qui vise à anticiper les besoins en santé publique afin de préparer au mieux les politiques publiques de santé à venir, notamment en termes d’organisation de l’aide alimentaire en France. La première édition de cette étude, menée en 2004-2005 par l’Institut de veille sanitaire (InVS), avait permis d’analyser les consommations alimentaires et les caractéristiques de l’état nutritionnel des personnes ayant recours à l’aide alimentaire en France. L’édition 2011-2012, menée selon le même protocole, actualise ces résultats et permet de décrire les évolutions apparues depuis 2004-2005.

Cette étude a été menée par l’Observatoire régional de santé Île-de-France (ORS), l’Unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (Usen), l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) et la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS). 2 019 bénéficiaires de l’aide alimentaire, recrutés dans 77 structures de distribution de repas ou de denrées à emporter réparties dans six zones géographiques urbaines, ont répondu à un questionnaire en face-à-face, et 422 d’entre eux ont également accepté de se soumettre à un examen clinique et biologique. Pour chaque participant, le questionnaire a permis de recenser des informations sociodémographiques, sur le recours à l’aide alimentaire, sur les consommations alimentaires, la santé et l’accès aux soins et l’environnement social. L’examen de santé comprenait des mesures anthropométriques, une prise de sang et une mesure de la pression artérielle.

L’analyse des résultats montre que la prévalence des pathologies liées à la nutrition est très élevée : parmi elles, l’obésité (dont la prévalence totale est de 28,8 %, et de 35 % chez les femmes), l’hypertension artérielle (prévalence de 48,5 % pour les femmes, et de 39,3 % pour les hommes) et le diabète (prévalence de 8,9 % pour les femmes). Cependant, l’évolution depuis 2004-2005 de certains marqueurs biologiques est encourageante, comme en témoigne la baisse de l’anémie.

L’étude souligne par ailleurs une trop faible consommation en certains aliments – notamment de fruits et légumes et de produits laitiers, non seulement inférieure à celle de la population générale, mais surtout très éloignée des recommandations nutritionnelles. 

Enfin, ces résultats rappellent l’hétérogénéité des profils des bénéficiaires de l’aide alimentaire et leurs conditions de vie difficiles (emploi, logement, renoncement aux soins). Pour de nombreux types d’aliments, l’aide alimentaire est leur principale source d’approvisionnement. La proportion des usagers des structures de distribution de denrées déclarant avoir recours exclusivement à l’aide alimentaire a d’ailleurs doublé depuis 2004-2005 : elle est passée de 22 % à 50,9 %. Les auteurs qualifient de « prioritaires » le renforcement des actions de prévention et le dépistage des maladies chroniques.

Camille Aulas

Crédit photo : Camille Aulas

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