L’Académie de pharmacie alerte sur la dénutrition à l’hôpital

© Squaredpixels - iStock

« Plus de quinze ans après la publication du rapport des professeurs B. Guy-Grand et C. Ricour, et malgré la création des Comités de Liaison Alimentation Nutrition (CLAN) dans tous les établissements de Santé*, la dénutrition reste encore trop fréquente à l’hôpital, faute d'une prise en charge suffisante », dénonce l’Académie de pharmacie.

Gériatrie, oncologie ou pédiatrie : des services fortement touchés

Elle concerne 30 à 60 % des patients hospitalisés, en particulier en gériatrie, en oncologie, en chirurgie et dans la plupart des spécialités médicales (pneumologie, gastro-entérologie, réanimation…). En pédiatrie,  15% à 30% des enfants hospitalisés seraient dénutris. La prévalence de la dénutrition atteindrait même 65 % des personnes âgées hospitalisées en long séjour, et 50 % pour lesmalades atteints de cancer, « [La prévalence] reste très variable [chez ces patients] : de 67 % dans le cancer du pancréas à moins de 10 % dans celui du sein) et elle est majorée par les traitements (chimiothérapie, radiothérapie) dont elle diminue la tolérance », précise l’Académie.

Pourtant, « un malade dénutri a quatre fois plus de risques de faire une complication infectieuse qu’un malade normo-nutri ». De plus , la dénutrition est un facteur de surcoûts hospitaliers importants qui pourraient être évités : « moins de complications (en particulier infectieuses), une hospitalisation moins longueun moindre taux de mortalité indépendant de la maladie initiale », énumère l’Académie.

Trois axes d’amélioration

« La dénutrition,dont les causes et les conséquences en termes de morbi-mortalité sont symétriques à celles de l'obésité, mérite également une vraie politique de santé publique », martèle l’Académie qui propose trois axes d’amélioration :

  • ne plus considérer la nutrition comme un élément secondaire de la prise en charge thérapeutique et développer le contenu des formations initiales médicales et paramédicales sur cette thématique (les formations existent mais ne sont pas obligatoires) ;
  • sur le plan médical, utiliser des méthodes plus sensibles et plus spécifiques : si la place des différentes techniques de renutrition (compléments nutritionnels oraux, nutrition parentérale, nutrition entérale) est bien définie, l’Académie dénonce un manque de clarté concernant les besoins quantitatifs et qualitatifs en nutriments, « avec des recommandations parfois même contradictoires » ;
  • du point de vue économique, valoriser la dénutrition dans le codage de la T2A, « le Département d’Informatique Médicale de l’Hôpital Cochin (AP-HP, Paris) a estimé que le codage correct de la dénutrition représentait trois millions d’euros par an », précise l’Académie.

Source : Académie de pharmacie.

RF

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *