Alimentation en maisons de retraite : un constat écœurant

© Hunor Kristo - 123rf

450 000 et 700 000 personnes âgées seraient dénutris en France. Cette pathologie entraîne en effet d’autres affections graves (perte d’autonomie, déficit immunitaire, infections, escarres, fractures… ) et accroit fortement le risque de maladie et de mortalité. Et pourtant, c’est en Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) que la dénutrition est la plus forte : « jusqu’à 38 % des résidents seraient touchés, alors même que ces établissements disposent d’axes de recommandations définis par les autorités sanitaires et les groupes d’experts qui permettent d’éviter la dénutrition en veillant au respect des rythmes alimentaires, de l’équilibre alimentaire, ainsi qu’au suivi de l’état de santé nutritionnel des résidents », rappelle l’association.

Sur la base d’une analyse de la qualité nutritionnelle des menus servis dans 88 Ehpad et d’un sondage réalisé auprès des résidents de 43 autres établissements, l’UFC-Que Choisir alerte sur le non-respect flagrant des recommandations officielles.

Rythme des repas inadapté

« Les horaires du personnel priment sur la bonne alimentation des séniors », déplore l’association. Pour des considérations d’organisation du personnel, les horaires des repas sont raccourcis en fin de journée, par exemple un établissement sert le goûter dès 14h30 ! La durée minimale de trois heures recommandée entre chaque repas journaliers ne peut alors pas être respectée. « 1h45 seulement entre le goûter et le dîner dans le tiers des établissements les plus mal notés », révèle l’enquête. Dans les établissements étudiés, les dîners commencent aussi trop tôt : en moyenne à 18h25, « avec un triste record à 18h00 ! ». Conséquence de ces horaires : la période de jeûne durant la nuit est bien trop longue : la durée maximale préconisée de 12 heures est ainsi dépassée dans 80 % des Ehpad.

Repas mal équilibrés

Selon l’UFC Que choisir, des économies sur les repas seraient réalisées aux dépens de l’équilibre nutritionnel des résidents. « Aucun établissement ne respecte l’ensemble des critères d’équilibre nutritionnel », déplore l’association. 50% des Ehpad étudiés sont notamment non-conformes sur le critère portant sur la viande rouge non hachée, qui constitue la meilleure source de protéines.  À la place, des préparations industrielles bon marché sont servies, voire des plats pratiquement dénués de protéines.

Suivi nutritionnel défaillant

Enfin, l’association dénonce des carences graves dans le suivi nutritionnel des pensionnaires. Alors que la pesée mensuelle des résidents est un moyen simple de prévenir la dénutrition, 18 % des établissements pèsent à un rythme inférieur à cette préconisation. Quant au suivi individuel par un diététicien, seulement 7 établissements sur les 43 enquêtés le pratiquent de manière mensuelle.

Loi de santé

« Face au vieillissement de la population, et au vu des carences constatées dans les pratiques, l’UFC-Que Choisir exige que l’alimentation et le suivi nutritionnel dans les Ehpad soient inscrits parmi les enjeux du projet de Loi de Santé Publique », déclare l’association dans un communiqué. 

Source : UFC-Que choisir

 

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *