L’Inca alerte sur les conséquences d’un assouplissement de la loi Evin sur la publicité pour l’alcool

© alessio canepa - flickr

Selon l’Institut, un lien a été prouvé entre publicité et consommation. Une analyse de plus de 13 études internationales portant sur plus de 38 000 jeunes aurait ainsi démontré un lien statistiquement significatif entre l’exposition à la publicité et l’augmentation de la consommation d’alcool chez les buveurs, notamment chez les jeunes. L’étude montrerait également un lien direct entre le début de la consommation d’alcool chez des jeunes auparavant non buveurs et leur exposition à la publicité sur l’alcool. « Dans un pays où la production d’alcool et notamment de vin est un élément important de notre culture, il est important de ne pas remettre en cause l’approche courageuse et responsable de la loi Evin. En encadrant la communication sur l’alcool, cette loi a contribué à faire reculer la consommation d’alcool en France. La baisse de la consommation s’est traduite par une diminution des cancers liés à l’alcool », souligne l’Inca. « Il n’est bien sûr pas question de rentrer dans un démarche de prohibition mais dans une démarche d’information et de sensibilisation. Il est important de faire connaître les risques de cancers induits par la consommation de boissons alcoolisées, afin que chacun prenne conscience du risque, et ce, quelle que soit sa consommation (en quantité ou type d’alcool) », indique la présidente de l’Inca Agnès Buzyn.

Un cancérigène avéré

Selon l’Inca, 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, pharynx, larynx, œsophage), 24 % des cancers du foie, 20 % des cancers collorectaux et 17 % des cancers du sein seraient attribuables à l’alcool.  De plus, les effets de l’alcool seraient renforcés quand ils sont associés à ceux du tabac et le risque augmenterait de manière linéaire avec la quantité consommée. Pour l’Inca, ce constat est « d’autant plus alarmant que la consommation d’alcool en France demeure l’une des plus élevées en Europe, où la France se classe en cinquième position. La consommation d’alcool est estimée à 12 litres d’alcool pur par habitant, soit environ 2,5 verres de 10 g d’alcool par jour et par habitant.

Un article controversé

L’objectif de l’article controversé du projet de loi pour la croissance et l’activité (dit loi Macron) concernant la publicité sur l’alcool a été adopté mi juin. Son objectif est de « clarifier les frontières entre ce qui relève d’une part, de la publicité et d’autre part, de l’information journalistique et oenotouristique, de la création artistique et culturelle, en définissant ce qu’est la publicité », expliquait le sénateur Gérard César dans l’exposé des motifs. Au terme des débats, il a été convenu que serait « considéré comme propagande ou publicité (…) une opération de communication effectuée en faveur d’un produit ou service, relevant de l’activité d’une personne ayant un intérêt à la promotion dudit produit ou dudit service et susceptible d’être perçue comme un acte de promotion par un consommateur d’attention moyenne ». La publicité ou la propagande serait considérée comme « directe lorsqu’elle est effectuée en faveur d’une boisson alcoolisée ».

Interrogée sur la question, la ministre des Affaires sociales, de la santé et du droit des femmes Marisol Touraine avait réagi en dénonçant un « coup dur pour la santé publique », regrettant « que la loi Macron serve à détricoter la loi Evin ». Le président de la République, François Hollande, s’est prononcé quant à lui pour la « préservation des équilibres de la loi Evin ».

Source : apm.

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