Viande rouge et maladie cardiovasculaire : des bactéries incriminées

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et en acides gras saturés de cet aliment. Une récente méta-analyse n’a toutefois pas mis en évidence d’associations entre la consommation d’acide gras saturés et le risque de maladie cardiovasculaire. Un nouveau coupable a peut-être été identifié : la L-carnitine, un acide aminé présent en grande quantité dans la viande rouge.

Des scientifiques américains ont montré que la L-carnitine est métabolisée en triméthylamine (TMA). Or, chez l’homme et chez la souris, il est connu que la TMA est ensuite transformée par le foie en oxyde de triméthylamine (TMAO), aux propriétés proathérogéniques connues. Les chercheurs ont ensuite découvert que c’est le microbiote intestinal qui permettait la métabolisation de la L-carnitine en TMA : le TMAO sanguin et urinaire a en effet atteint des taux indétectables après élimination du microbiote par des antibiotiques chez cinq patients. Ils ont également observé que la présence de bactéries de la famille des Clostridiaceae et des Peptostreptococcaceae dans les fèces humaines était corrélée positivement à un régime omnivore et à la production de TMAO, suggérant que ces bactéries puissent être impliquées dans la métabolisation de la L-carnitine.

Chez 2 595 sujets suivis sur le plan cardiaque, les taux plasmatiques de l’acide aminé étaient prédictifs d’une augmentation du risque de pathologies cardiovasculaires et de survenue d’événements cardiaques majeurs (infarctus du myocarde, AVC ou décès), mais seulement chez les personnes présentant également un fort taux de TMAO.

Afin de déterminer par quels mécanismes la métabolisation de la L-carnitine pourrait être impliquée dans le développement de maladies cardiovasculaires, les chercheurs ont mené des expériences chez la souris. Chez ce rongeur, une supplémentation en L-carnitine a modifié la composition microbienne du caecum, et a nettement augmenté la synthèse de TMA et de TMAO, et a favorisé l’athérosclérose, sauf lorsque le microbiote intestinal était supprimé. Par ailleurs, chez les rongeurs au microbiote intestinal intact, la supplémentation en TMAO ou en L-carnitine a réduit le transport inverse du cholestérol in vivo.

Le microbiote intestinal semble donc jouer un rôle dans le lien, bien établi, entre une consommation importante de viande rouge et l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires.

K.D.

Source : Koeth RA et al. Intestinal microbiota metabolism of l-carnitine, a nutrient in red meat, promotes atherosclerosis. Nat Med. 2013;19(5):576-85.

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